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En Espagne, les agriculteurs indignés après les propos de Gabriel Attal sur la « concurrence déloyale »

Parler d’incident diplomatique serait trop fort, mais le malaise est tout de même très palpable en Espagne après les propos du premier ministre français, Gabriel Attal, sur la « concurrence déloyale » exercée par les agriculteurs de « pays voisins », prononcés dimanche 28 janvier lors de la visite d’une exploitation agricole à Parçay-Meslay (Indre-et-Loire). Lundi, les principaux médias espagnols ont consacré une large part d’antenne à décortiquer le discours tenu par le premier ministre français devant des agriculteurs locaux en colère : son appel à renforcer la « souveraineté » alimentaire de la France et sa volonté de « voir les mesures supplémentaires que l’on peut prendre sur ces histoires de concurrence déloyales », car « ce n’est pas normal que vous soyez empêchés d’utiliser certains produits [phytosanitaires], (…) mais que les pays voisins, Italie ou autres, les utilisent et que cela arrive ensuite chez nous ».
Si Gabriel Attal n’a pas mentionné l’Espagne de manière explicite, les agriculteurs du royaume ne s’en sont pas moins sentis directement visés, alors même qu’ils subissent de plein fouet le blocage de la frontière. « Nous sommes dans l’Union européenne [UE]. Les normes de production et commercialisation sont similaires pour tous, il n’existe aucun avantage compétitif dérivé de l’application de normes distinctes », a insisté le ministre de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation espagnol, Luis Planas, regrettant des déclarations « pas normales dans le cadre d’un marché unique dans l’UE, où chacun peut offrir et vendre ses produits ». « Si nos fruits et légumes et tous nos produits agroalimentaires sont à la première place en Europe et dans beaucoup de pays du monde, c’est grâce au travail de nos agriculteurs et éleveurs et de l’industrie, et pour aucune autre raison », a-t-il ajouté.
Luis Planas avait déjà haussé le ton le 25 janvier, en qualifiant d’« inacceptables » les attaques de manifestants déversant le chargement d’une dizaine de camions transportant des fruits et légumes espagnols sur l’autoroute 7 et la nationale 7, près de Nîmes et de Montélimar. En octobre 2023, ce sont des camions-citernes remplis de vin espagnol qui avaient été bloqués à la frontière du Boulou (Pyrénées-Orientales) et leur cargaison répandue. La France est la principale destination des exportations espagnoles par route, 41,5 % du total, et chaque jour près de 10 000 camions espagnols traversent la frontière.
« C’est une chose que l’agression ponctuelle contre nos produits par des secteurs radicaux, mais quand un premier ministre ose dire que nous faisons de la concurrence déloyale, le gouvernement espagnol ne peut pas rester impassible », a réagi lundi le président du syndicat Coopératives agroalimentaires d’Espagne, Angel Villafranca, sur la chaîne de télévision Antena 3. Sur La Sexta, le discours du premier ministre français, en particulier le passage en faveur de « la souveraineté alimentaire », a été interprété comme « nationaliste » et « similaire à celui de l’extrême droite de Marine Le Pen ».
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